Chasse au trésor, jouissance du
sol et de l’espace, voyage intérieur au gré des pas dans
les labours. Des vestiges d’ anciens épandages
affleurent ça et là ( fleurs de terre ? ) que le regard
réinvente ; sauvetage en pleine terre. Emotion
archéologique autant que plastique : la trace de l’homme
se fait artefact, souvent énigmatique. Alchimie quand le
ramassage change immédiatement le statut de l’objet ;
alchimie quand sa mise en scène le propulse dans un
ailleurs insoupçonné,
“beau
comme la rencontre d’un parapluie et d’une machine à
coudre sur une table à dissection”
cher à Lautréamont.
Bien sûr, il s’agit d’abord d’un jeu sur le pouvoir
évocateur de l’objet, mais ces assemblages n’ont pour
autre but que de transcender le réel afin de déboucher
sur un autre plan de perception ; l’enjeu du jeu !
Univers-gigognes, usines à mystères issus d’un
geste de survie, prophylactique dans son essence même.
Tentatives d’amour et de poésie, d’humour parfois ;
tentatives pour sauver sa propre humanité.
Laurent GAUTHIER mai 2010 |