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exposition du 03 avril au 29 mai  ( horaires )VIDEO

 

 

« Quand j’étais étudiante, apercevant mon reflet dans des plaques de zinc poli, j’ai commencé à y graver mes premiers autoportraits.
Ce geste a été fondateur d’une démarche de création, qui part des apparences, d’une quête d’abord narcissique, mais qui cherche aussi surtout à rencontrer l’altérité dans une relation de regards, comme un miroir tendu où qui accepte de regarder peut-être y reconnaîtra son reflet. Un miroir qui engage à la réflexion... sur notre nature humaine dans tous ses états, ses perpétuelles métamorphoses.
L’estampe, image imprimée, est aussi révélée en miroir, comme le monde visible et sa représentation, qui par l’imagination intègre une part invisible et inconnue, une façon de passer de l’autre côté comme Alice. Ce jeu de miroir est aussi particulièrement à l’œuvre dans la relation amoureuse, ses mystères insondables, ses fantômes et fantasmes. Je crée des images pour faire corps avec le monde à travers les sensations que j’éprouve. J’appréhende mon corps lui-même comme une surface graphique sensible et fluctuante, perméable aux frémissements de la vie et du désir. La durée d'élaboration nécessaire aux techniques de gravure, leur processus-même, est mon moteur de conception de l'image, l'outil, le geste et la résistance des matériaux me guidant dans l'espace du matériau gravé. »

 

Iris Miranda est née à Grasse en 1979, dans une famille de paysans et d'artistes. Ces influences conjointes et déterminantes, une intuition créative et une curiosité insatiable pour la nature, l’ont conduite à s’engager dans un parcours artistique. Son rapport particulier à l'estampe trouve sans doute sa source dans la fascination éprouvée enfant devant les détails minutieux des planches gravées des livres anciens de Sciences Naturelles. Elle s’oriente par la suite dans le choix d'une école d'Art qui offre un cursus spécialisé en Gravure et Image Imprimée, l'École Nationale Supérieure de La Cambre à Bruxelles, dont elle obtient le diplôme en 2004. Depuis cette formation initiale, cela reste son médium de prédilection et elle explore avec bonheur les différentes contraintes de l’eau-forte et ses textures précieuses; et de la gravure sur bois avec ses contrastes bruts qui incitent à aller à l'essentiel.

Elle vit aujourd’hui en Lot-et-Garonne et expose son travail régulièrement en France.

 

Du conte au mythe, Iris Miranda interroge notre identité, le regard que nous portons sur nous comme celui, croisé, des autres. La psyché est tendue.

Qu'y a-t-il sous le reflet?

Qui aime sa propre image au point d'en tomber amoureux ? Narcisse ou encore tous les "selfistes" ? Préférons la piste d'un Narcisse qui ne se reconnait pas et tombe amoureux de cette figure qu'il ne voit pas comme sienne ; consentons aux seconds  qu'ils cherchent, sans relâche, leur propre identité dans leur reflet, à moins qu'ils ne la construisent. La mimésis première, re-présentation de soi ou du monde, s'est transformée par sauts, par variants ingénieux, inattendus, jamais mortels mais dérangeant, souvent, notre regard porté sur les choses.  Voyons-nous les êtres et les faits comme notre voisin les perçoit ? La caverne - celle de Platon - est notre propre aliénation. Iris Miranda force notre regard par les yeux représentés qui nous observent - même en leur absence ! - telle la Joconde dont la réponse nous échappe depuis des siècles.

Qu'y a-t-il sous la surface?

Dès la première attaque de la gouge sur le bois ou le lino, Iris Miranda part à l'aventure sinon à la découverte de soi comme l'archéologue sonde les strates à la recherche de nos origines. Cette quête besogneuse creuse son âme et la nôtre, points de rencontres en contrastes puissants qui s’assemblent en un Tout.

 Christophe Bassetto