« Tout conte fait »
donne le ton de cette exposition qui réveille les
émotions, fait resurgir les sensations de l’enfance
liées à la peur espérée des contes et autres
personnages fantastiques. Les corbeaux sonnent
l’annonce du malheur, suintent le mauvais présage ;
L’ogre à la gueule cassée voisine avec le Petit
Poucet, son collier égrenant qui le temps qui les
êtres consommés…
Le champ créatif de Lydie Arickx est là, immense et
vertical, des tréfonds caverneux ou de la conscience
aux cieux qu’elle taquine ou provoque. Des mythes
fondateurs aux contes modernes, elle procède à la
manière d’une ogresse mal montée ; elle recrache
l’absorbé, transformant, associant les atomes comme
la chouette expulse sa pelote compacte et
recomposée. Sa nourriture ? les forces de la Nature,
les rencontres, les gens, l’amour, l’humanité.
Naissance vie et mort ; un ordre aussi simple ? La
naissance est continue, chaque jour apportant
quelque chose de nouveau, un état, des sensations,
des sentiments différents ; une gestation sans fin.
Lydie Arickx est à la peinture ce que Jean Baptiste
Grenouille du « Parfum » de Patrick Süskind, tombé
d’un ventre sous l’étal de poissons est au parfum.
L’effluve premier est le bain initiatique, décisif.
La quête effrénée de ce sceau, frappé dans la
mémoire en formation, ne supporte aucun répit.
Mais également une jazzwoman ;
elle défit l’établi, rebat les codes, s’affranchit
de tout regard et rythme ses choix, se laisse
surprendre … cette énergie créatrice n’est peut-être
qu’une volonté farouche d’émancipation ; des
supports, des médiums, de et des espaces, du temps,
peut-être de son propre corps. L’art n’est que prétexte à sa recherche, sans concession, de la
Liberté jusqu’à devenir notre Prométhée fait femme.
Christophe Bassetto
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